Samsung lance son casque XR, mais retarde ses lunettes intelligentes
Galaxy XR, premier jalon de l’ambition AR de Samsung
« Où sont les lunettes ? » La question a fusé en s’adressant à Drew Blackard, vice-président de la division Mobile Product Management chez Samsung, juste après la présentation du tout nouveau casque spatial Samsung Galaxy XR, centré sur Gemini AI.
Blackard n’a pas pu donner de détails précis, mais a tout de même confirmé que « c’est pour bientôt... Et ce choix de mots n’est pas anodin, dans le sens où il ne s’agit pas d’un concept lointain ».
Aucune lunette n’a été dévoilée lors du lancement du Galaxy XR, mais Samsung a tout de même annoncé des partenariats avec les marques de montures Warby Parker et Gentle Monster. D’après Blackard, ces collaborations « approchent de la phase d’exécution ».
« On peut considérer qu’il s’agissait aujourd’hui d’un avant-goût. » Et même s’il a assuré que l’attente ne serait pas longue, il a précisé qu’aucune lunette ne serait dévoilée « cette année ».
En insistant un peu, la question a été posée de savoir si le lancement du casque Galaxy XR avant les lunettes n’était pas une forme d’inversion logique, surtout dans un contexte où l’intérêt pour les lunettes intelligentes ne cesse de croître — qu’il s’agisse d’affichage d’informations ou de réalité augmentée. S’agirait-il simplement d’une première étape ?
« C’en est une, oui », a reconnu Blackard. « Ce n’est pas un mauvais ordre, car les deux sont étroitement liés. Et l’annonce d’aujourd’hui aide justement à mieux visualiser cette trajectoire. »
Direction le cœur de l’IA
Une fois la légère frustration des lunettes passée, la discussion est revenue sur le nouveau casque, notamment ses choix de design, bien différents de ce que proposent déjà d’autres appareils du marché — clin d’œil évident au Vision Pro.
Le casque spatial Samsung Galaxy XR, contrôlé par le regard, la voix et les gestes, sort aujourd’hui (21 octobre) au prix de 1 799 dollars, aux États-Unis et en Corée.
Certains éléments rappellent le Vision Pro, comme les commandes ou la batterie externe, mais plusieurs aspects les distinguent nettement. À commencer par le prix, qui représente environ la moitié de celui du Vision Pro. Ensuite, le poids, inférieur d’au moins 65 grammes, pour une répartition jugée plus équilibrée.
Mais la vraie nouveauté, c’est Gemini AI. Ce que l’on aurait aimé voir fusionné avec Siri sur le Vision Pro... sans jamais le voir arriver.
« C’est un appareil conçu pour l’IA », a résumé Blackard.
Il a été demandé si Samsung et ses partenaires auraient pu sortir le Galaxy XR deux ans plus tôt, à une époque où Gemini AI n’existait pas encore sous sa forme actuelle.
Blackard a replacé l’innovation dans un contexte plus large — et sans nommer directement Apple — a laissé entendre que l’approche de Samsung, Google et Qualcomm différait nettement de celle de la marque à la pomme avec le Vision Pro.
Tout a commencé avec le Galaxy S24. Voilà deux ans que Samsung développe des smartphones centrés sur l’IA. Aujourd’hui, cette approche s’est étendue aux objets connectés, comme la Galaxy Watch. « Cela s’est imposé comme un élément fondamental de l’expérience, partagé par Google et Qualcomm », a expliqué Blackard.
Selon lui, l’intuition d’intégrer une couche comme Gemini remonte aux débuts du Galaxy Gear VR — preuve que Samsung n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine de la réalité virtuelle. « L’interface utilisateur représentait un défi, et c’est toujours le cas », a-t-il rappelé.
Voir du contenu immersif projeté devant soi ne garantit pas une navigation fluide, surtout si l’interface est « complexe et déroutante ».
Avec Gemini intégré au cœur du système, il n’est plus nécessaire d’apprendre à naviguer. « Il suffit de parler naturellement, la navigation devient multimodale », a souligné Blackard.
Cette manière d’interagir rend Gemini indispensable. L’IA n’est plus cantonnée à chaque application ; elle forme désormais une couche transversale du système. « Sans cela, il faudrait que chaque développeur intègre l’IA dans sa propre appli, ce qui freine considérablement l’expérience globale. »
Trois partenaires unis
Blackard a décrit quelques démonstrations observées ce jour-là. Gemini permettait de naviguer dans Google Maps ou d’obtenir des conseils pour jouer à un jeu grâce à Google Circle to Search. « Il s’agissait d’un jeu très spécifique. Chez Samsung, personne ne s’attendait à ce qu’un utilisateur le télécharge et commence à y jouer. »
C’est cette fluidité naturelle entre Gemini et l’ensemble du système qui donne une cohérence d’usage. « Cela devient une interaction organique avec presque toutes les applications », a ajouté Blackard.
Là où certains pourraient voir dans le Vision Pro le fruit d’une vision unique et centralisée, le Samsung Galaxy XR est, lui, le résultat d’un partenariat à trois têtes — parfois concurrentes : Samsung, Google et Qualcomm. Pas simple de concilier les intérêts de ces géants. À la question de savoir si l’un des partenaires jouait un rôle moteur, Samsung en tête, la réponse a été nuancée.
Bien sûr, du point de vue du design... Samsung est bien entendu à la pointe en matière de design industriel et de recherche et développement pour la fabrication d'un produit comme celui-ci.
Drew Blackard, Samsung
« C’est une question intéressante », a reconnu Blackard. « C’est sans doute l’un des projets les plus collaboratifs menés depuis mon arrivée chez Samsung. Si l’on prend l’exemple des smartphones, Samsung travaille déjà avec Qualcomm pour les puces et avec Google pour le système Android. Mais au final, l’expérience utilisateur reste celle définie par Samsung. »
Il a toutefois insisté sur le fait que le Galaxy XR n’aurait pas pu voir le jour sans cette alliance technologique. « Samsung mène la danse côté design et innovation matérielle, c’est une évidence. »
Mais comme l’IA est au centre de l’expérience via Gemini, la sortie du Galaxy XR n’aurait pas été possible « sans que Google ne prenne un rôle moteur dans l’intégration logicielle… et bien sûr, Qualcomm fournit la plateforme sur laquelle tout repose. »
En somme, Samsung est le maître d’œuvre, soutenu de façon cruciale par Google et Qualcomm.
Un détail a tout de même attiré l’attention : Galaxy AI est absent du Galaxy XR. Blackard a confirmé que ce nouveau casque ne serait probablement pas l’endroit idéal pour intégrer l’IA générative maison de Samsung.
« Les fonctions Galaxy AI sont souvent intégrées profondément dans les applications », a-t-il précisé, citant des outils comme la retouche photo ou les résumés de texte déjà disponibles sur les téléphones Galaxy.
« Les cas d’usage sont différents ici. Gemini, grâce à son approche multimodale, permet de réagir à ce que l’on voit, de comprendre la voix de manière naturelle et de répondre intelligemment. Cela dépasse largement les usages classiques... Disons que la solution la plus adaptée, ici, c’est Gemini AI. »

A 38-year industry veteran and award-winning journalist, Lance has covered technology since PCs were the size of suitcases and “on line” meant “waiting.” He’s a former Lifewire Editor-in-Chief, Mashable Editor-in-Chief, and, before that, Editor in Chief of PCMag.com and Senior Vice President of Content for Ziff Davis, Inc. He also wrote a popular, weekly tech column for Medium called The Upgrade.
Lance Ulanoff makes frequent appearances on national, international, and local news programs including Live with Kelly and Mark, the Today Show, Good Morning America, CNBC, CNN, and the BBC.