Test du Sigma BF : un appareil imparfait, mais capable de clichés saisissants

Sigma BF : Revue en deux minutes

Dès le départ, il était évident que le Sigma BF saurait se montrer frustrant à certains moments. Ce à quoi on ne s’attendait pas, en revanche, c’est au plaisir réel de photographier avec lui.

Cet appareil unique, au minimalisme affirmé, souvent comparé aux produits Apple, dégage une forte personnalité. Et malgré les concessions assumées sur le plan du design et des performances, un certain attachement finit par s’installer.

Le design épuré du Sigma BF en 24,6 Mpx plein format divise : objet de désir pour certains, non catégorique pour d’autres. Même parmi les convaincus – qui sont désormais nombreux – l’idée persiste qu’un compromis de moins aurait été bienvenu.

Selon les critères habituels, le Sigma BF peine à convaincre : pas de viseur, écran fixe, mémoire interne uniquement (SSD de 230 Go, sans emplacement pour carte), capteur plein format non stabilisé, ergonomie perfectible, autonomie limitée, et absence de ports essentiels pour la vidéo comme l’entrée micro ou la sortie casque.

Mais un appareil photo ne se juge pas uniquement à une liste de cases cochées. C’est un outil créatif. Lorsqu’il entre en résonance avec son utilisateur et stimule l’envie de créer, sa note devient secondaire.

Pour un tarif similaire, un hybride plus classique comme le Nikon Z6 III coche toutes les cases, avec un design équilibré et une excellente prise en main – et obtient de meilleurs scores. Mais pour celles et ceux qui recherchent un peu plus d’émotion, un appareil aussi fascinant qu’agaçant, le Sigma BF est un choix à part.

Les photographes expérimentés devront réapprendre certains réflexes face à ses commandes discrètes et à ses menus épurés. Un temps d’adaptation est nécessaire, mais une fois apprivoisé, les autres appareils peuvent sembler fades en comparaison.

En combinaison avec les objectifs I-series de Sigma, le duo fonctionne à merveille. Une version argentée du 35 mm F2 DG accompagnait d’ailleurs le modèle de test argenté du BF. Sigma, si le message passe : un objectif pancake adapté à son boîtier compact devrait devenir une priorité.

Selon Sigma, "BF" signifie "Beautiful Foolishness". D’autres critiques y voient une abréviation de "Best Friend". Mais une chose est sûre : malgré ses faiblesses techniques, le Sigma BF est une réussite de design. Un objet magnifiquement imparfait, taillé pour la main.

Sigma BF : Prix et date de sortie

• Le Sigma BF boîtier seul coûte 2 349,00 €
• Il est disponible en pré-commande en version argentée ou noire
• Sigma a également lancé des versions argentées de plusieurs objectifs de la série I

Les objectifs Sigma coûtent généralement deux fois moins cher que ceux des marques propriétaires. Mais qu’en est-il des appareils photo de la marque ? Le BF est affiché à 2 349,00 € en version boîtier nu, un tarif qui peut sembler élevé pour un modèle plein format de 24 MP sans viseur.

Cependant, il ne s’agit pas d’un appareil ordinaire. Quand on prend en compte la qualité de fabrication du BF – son châssis est usiné dans un seul bloc d’aluminium, et l’appareil intègre des commandes tactiles haut de gamme – le prix paraît tout de suite plus justifié.

Les précommandes sont ouvertes, et le BF est proposé en version noire ou argentée – cette dernière suscite un fort engouement. Toutefois, selon les informations disponibles, Sigma ne peut produire que neuf unités du BF par jour. Les délais de livraison pourraient donc dépasser ceux de l’appareil le plus convoité de 2024, le Fujifilm X100VI.

• Prix : 4/5

Sigma BF : Caractéristiques

Sigma BF : Design

• Châssis usiné dans un seul bloc d’aluminium
• Commandes discrètes, certaines tactiles, menus simplifiés
• Mémoire SSD interne uniquement, aucun emplacement pour carte
• Pas de port micro ni casque, uniquement un port USB-C

Un appareil photo dont le châssis est usiné dans un seul bloc d’aluminium, un processus qui dure sept heures, et produit à seulement neuf exemplaires par jour, se doit d’être spécial. Et c’est exactement le cas du BF.

Il est vrai que le design minimaliste du Sigma BF ne conviendra pas à tout le monde. Son esthétique évoque clairement celle d’Apple, à un moment où les appareils au look rétro comme le Fujifilm X100VI sont très populaires. Le BF fait toutefois partie des appareils les plus fascinants sortis ces dernières années.

Sa qualité haut de gamme saute aux yeux, jusqu’aux moindres détails – y compris le bouchon de boîtier en métal, auquel un article entier a été consacré. L’appareil est tropicalisé et d’une robustesse impressionnante – il inspire davantage de crainte pour les surfaces avec lesquelles il pourrait entrer en contact, même si bien sûr, personne n’aurait envie d’abîmer un si bel objet.

Ses lignes épurées et son interface réduite impliquent certains compromis, en particulier pour ceux habitués aux hybrides riches en commandes accessibles.

Aucune vraie poignée ici, seulement une surface texturée à l’avant – un choix plus esthétique que pratique, qui s’accorde parfaitement avec la finition mate du boîtier.

Le BF s’utilise donc de préférence avec des objectifs compacts, notamment les focales fixes Contemporary de la série I de Sigma. La marque a eu la bonne idée de proposer des versions argentées de certains objectifs pour assortir au BF argenté.

Les objectifs de la série I sont compacts, en particulier le 45 mm F2.8. Cela dit, aucun objectif pancake n’existe à ce jour pour la monture L de Sigma. Un tel modèle viendrait parfaitement compléter l’ergonomie du BF.

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Chaque bouton et commande offre une sensation parfaitement amortie et – détail notable – deux d’entre eux sont tactiles : le bouton menu et le bouton lecture. Une simple pression sur ce dernier permet d’afficher la dernière image à l’écran jusqu’à relâchement. Une pression franche active le mode lecture. Du travail soigné.

Les inscriptions sur les boutons restent volontairement discrètes, ce qui nécessite un peu de temps pour bien les identifier. Une fois dans les menus, il n’est pas évident de modifier les réglages d’exposition. Une mention spéciale à celle ou celui qui trouvera en premier comment activer ou désactiver l’option automatique dans les paramètres d’exposition.

Les réglages les plus courants, en revanche, sont faciles d’accès. Trois menus simples sont proposés : le menu principal contenant les options les plus utilisées, et deux sous-menus. Une organisation qui rappelle clairement celle du Hasselblad X2D 100C.

Dans le menu principal, la navigation se fait à l’aide de la molette de commande. Le réglage sélectionné s’affiche sur un petit écran LCD charmant, permettant de modifier rapidement des options comme les profils colorimétriques.

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Le choix de conception sans doute le plus controversé chez Sigma reste l’absence de support pour carte mémoire externe : seul un SSD interne est proposé. Tant que celui-ci reste fiable – ce qui ne fait l’objet d’aucune inquiétude à ce stade – cela ne pose pas de problème. En revanche, en cas de panne, l’appareil devient inutilisable sans réparation coûteuse (à supposer que ce soit envisageable).

L’intégration d’une mémoire interne peut être une bonne chose, mais uniquement en complément d’un support amovible comme une carte SD. Pour certain·es, l’absence de ce dernier sera rédhibitoire.

Le transfert des photos du BF se fait via le port USB-C, également utilisé pour la recharge. Le processus s’avère fluide et rapide, notamment vers un MacBook Pro.

L’aspect extérieur suit la même logique épurée : pas d’entrée micro, pas de sortie casque, pas de port HDMI, et un seul point d’attache pour dragonne au lieu des deux classiques pour sangle d’épaule.

Rien de tout cela ne pose réellement problème. Ce qui manque davantage, c’est la présence d’un viseur ou d’un écran orientable. En plein soleil, le réflexe reste de porter instinctivement l’appareil à l’œil pour composer l’image. Et pour les prises de vue en contre-plongée, un écran inclinable aurait été bienvenu.

La présence d’un viseur ou d’un écran orientable aurait apporté un vrai confort d’usage. Mais leur absence se comprend : difficile de conserver un tel design minimaliste autrement.

• Design : 4.5/5

Sigma BF : Fonctionnalités et performances

• 8 images par seconde avec l'AF en continu, enregistrées sur un disque SSD interne rapide
• Autonomie inférieure à la moyenne de 260 photos
• Pas d'IBIS, seulement une stabilisation électronique pour la vidéo

Ceux qui recherchent un appareil hybride complet et ultra-fonctionnel ne trouveront pas leur bonheur avec le Sigma BF. Son démarrage est rapide, certes, mais de nombreuses fonctions attendues à ce niveau de prix sont absentes.

Le capteur de 24,6 Mpx, par exemple, n’est pas stabilisé. Cela ne constitue pas un frein pour un usage quotidien, surtout avec des optiques lumineuses à focale fixe. Pourtant, l’ajout d’un stabilisateur intégré, qui relève d’un composant interne, n’aurait pas altéré le design épuré du boîtier.

Côté vidéo, seule une stabilisation électronique est proposée, avec un recadrage de 1,25x, ce qui la rend inutilisable en 6K.

Le mode rafale avec autofocus continu atteint 8 i/s, un rythme modeste. En revanche, les séquences peuvent être très longues : jusqu’à 350 images en RAW ou 1 000 en JPEG. Le temps de traitement entre deux rafales reste inférieur à celui de la plupart des modèles concurrents.

Comme mentionné précédemment, aucun emplacement pour carte n’est prévu. Les images sont enregistrées sur un SSD interne de 230 Go. Le transfert s’effectue via un port USB-C 3.2 multifonction, capable de gérer une seule tâche à la fois parmi les suivantes : sortie vidéo externe, alimentation, déclencheur filaire, micro externe ou sortie casque.

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Sigma a développé une nouvelle batterie BP-81 pour le BF : un petit module de 3 300 mAh offrant une autonomie modeste de 260 vues. Une capacité faible mais compréhensible au vu du format très compact de l’appareil.

L’autofocus repose sur un système hybride à détection de phase et de contraste, avec suivi des sujets humains et animaux. Les performances se montrent globalement satisfaisantes, notamment en portrait rapproché, même si des systèmes plus évolués existent chez Sony, Canon ou Nikon.

Un facteur limitant de l’autofocus tient à l’écran tactile fixe, pas toujours lisible selon les conditions de lumière. Il faut donc espérer que la mise au point soit juste, ce qui n’est pas systématique.

Autre contrainte : les options de mise au point disponibles restent basiques, fidèle à l’esprit minimaliste de l’appareil. À performances comparables, le Nikon Z6 III s’en sort mieux pour détecter des sujets occupant une faible portion de l’image.

Pour la vidéo, le BF embarque des micros stéréo intégrés, mais aucun port micro dédié. La connexion micro passe uniquement par le port USB-C multifonction. Ces micros intégrés restent particulièrement sensibles au vent. En résumé, de nombreuses fonctions essentielles aux vidéastes sont absentes : le BF reste avant tout un appareil photo, qui propose tout de même une vidéo 6K de très belle qualité.

• Fonctionnalités & performances : 3.5/5

Sigma BF : Qualité d'image et vidéo

• Photos de 24,6 Mpx au format DNG universel brut 14 bits riche en détails
• Vidéo 6K sur toute la largeur du capteur, pas d'EIS disponible à cette résolution
• 13 profils de couleur pour les photos, L-log pour la vidéo

Malgré un capteur plein format de 24 MP qui peut sembler classique, le Sigma BF est capable de produire des images très détaillées, aux couleurs superbes.

Mention spéciale pour l’excellent objectif 35 mm F2 DG utilisé lors du test : la netteté est remarquable du centre jusqu’aux bords, avec une belle chute de mise au point lorsqu’il est utilisé à pleine ouverture (f/2).

De nombreuses autres optiques en monture L sont parfaitement compatibles avec le BF, et les objectifs Sigma restent proposés à des tarifs raisonnables. Cela dit, il serait pertinent que Sigma donne la priorité à la création d’un objectif pancake qui s’accorderait vraiment au boîtier compact du BF, surtout tant que les ventes s’annoncent solides. Un petit 35 mm f/2.8 semble tout à fait envisageable.

Les photos ci-dessous donnent un bon aperçu du type d’images du quotidien que le Sigma BF excelle à capturer.

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Comme chez Leica, il faut saluer le fait que les fichiers RAW produits par un appareil Sigma soient au format universel DNG, accepté par presque tous les logiciels de retouche. Et ce sont des fichiers riches en détails, en 14 bits.

Lors d’une prise de vue en RAW + JPEG, les fichiers RAW conservent les réglages standard et l’intégralité de l’image, tandis que le mode colorimétrique actif s’applique uniquement aux JPEG. Treize profils colorimétriques sont disponibles pour les photos, dont certains très réussis.

Le profil "Calm" correspond à une version naturelle et douce, tandis que "Rich" propose un rendu plus vibrant. Le profil "709 Look", basé sur le Rec.709 généralement utilisé en vidéo, offre un rendu naturel très réussi. À cela s’ajoutent des modes plus marqués comme "Teal and Orange", très tendance. La navigation entre les différents profils se fait rapidement et facilement.

Voici la liste complète des profils colorimétriques : Standard, Rich, Calm, Powder Blue, Warm Gold, Teal and Orange, FOV Classic Blue, FOV Classic Yellow, Forest Green, Sunset Red, Cinema, 709 Look et Monochrome.

La photo de rue est un point fort du Sigma BF, comme le montrent les images ci-dessous.

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Un capteur de 61 MP, comme celui du Sigma fp L, aurait été apprécié. Un capteur stabilisé également. Ces pixels supplémentaires auraient permis un recadrage plus confortable avec un objectif comme le 35 mm F2 utilisé lors du test, notamment lorsque l’approche du sujet est difficile. La stabilisation intégrée, elle, facilite les prises de vue à main levée dans de nombreuses situations.

Toutes les photos visibles ci-dessous ont été prises avec l’autofocus et le suivi de sujet activés. Les portraits en gros plan présentent une netteté fiable sur les yeux. En basse lumière, le taux de réussite baisse légèrement, mais les résultats restent impressionnants.

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Les caractéristiques vidéo sont honorables : le 6K à 30 ips en profil L-log de Sigma offre un rendu très agréable après étalonnage. En revanche, la stabilisation électronique est absente en 6K, ce qui rend les plans à main levée difficiles. La vidéo de démonstration ci-dessous comprend des séquences tremblantes filmées en marchant dans les rues de Londres, ainsi qu’un aperçu de plusieurs profils colorimétriques.

Mais c’est bien le manque de fonctionnalités vidéo complémentaires qui confirme que le BF reste un appareil orienté photo, et non un modèle hybride.

• Qualité d'image et vidéo : 4.5/5

Sigma BF : Table des scores

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Comment avons-nous testé le Sigma BF ?

• Sigma nous a prêté la version argentée du BF pour une semaine
• Nous l'avons testé avec l'objectif Sigma 35mm F2 DG Contemporary
• Nous avons pris entre 500 et 1 000 photos et vidéos, et nous avons également testé les fonctions vidéo

Le Sigma BF a été utilisé autant que possible pendant une période de prêt d’une semaine, y compris lors de trajets urbains et de balades. Les photos montrent le modèle argenté, qui correspondait à la version souhaitée, accompagné de la nouvelle version argentée de l’objectif Sigma 35 mm F2 DG Contemporary.

Des clichés ont été réalisés en plein soleil, par temps nuageux et de nuit. Plusieurs profils colorimétriques et modes autofocus ont été testés, ainsi que différentes résolutions vidéo.

Premier test en avril 2025