L’Union Européenne veut intégrer votre visage dans une gigantesque base de données internationale

Reconnaissance faciale
(Crédit photo: Shutterstock / HQuality)

L'Union européenne prévoit d'élargir ses bases de données juridico-policières, collectant actuellement des fichiers d’empreintes digitales ou des plaques d’immatriculation, en y incluant des captures de visages obtenues par différents moyens.

Selon Wired, qui s'est entretenu avec plusieurs défenseurs de la vie privée au sujet des changements à venir, plusieurs pays membres de l'Union Européenne ont demandé l'ajout de données faciales pour faciliter la capture des criminels. 

Ce projet, intitulé Prüm II, s'inscrit dans le cadre d'une initiative plus large visant à "moderniser" les services de police dans les 27 États membres - initiative lancée en décembre dernier.  

"Ce qui est en train de se créer, c'est l'infrastructure de surveillance biométrique la plus étendue que nous ayons jamais vue dans le monde", a déclaré Ella Jakubowska, représentante du groupe de défense European Digital Rights (EDRi). 

Il s’agit d’une évolution inquiétante pour tous ceux qui rejettent les systèmes de reconnaissance faciale non consensuels. Le potentiel d'abus d'un système aussi répandu et endémique se révèle énorme. 

Malgré la position généralement favorable de l'Union Européenne en matière de protection de la vie privée et ses efforts pour réglementer les GAFA et autres géants du numérique, Prüm II autorise l'exploitation de la reconnaissance faciale a posteriori. Celle-ci repose sur des images provenant de la vidéosurveillance, des réseaux sociaux et de photos d'identité officielles. 

Un avenir effrayant

Les propositions de l'Union Européenne signifient que tout représentant des forces de l’ordre, au sein d’un État membre, pourrait comparer une photo avec celles de la base de données - un système extrêmement puissant pour localiser des individus n’importe où dans le monde. Un document obtenu par l’EDRi suggère qu'il pourrait y avoir entre 10 et 100 correspondances faciales pour une simple recherche effectuée. 

Il existe d’ores et déjà un volume colossal d'images disponibles. La Hongrie, par exemple, dispose d'une base de données de 30 millions de photos, l'Italie de 17 millions, la France de 6 millions et l'Allemagne de 5,5 millions. 

La surveillance moderne est tellement omniprésente et puissante que les vecteurs d'abus deviennent inquiétants. Bien que l'Union Européenne précise que "les images faciales de suspects ou de criminels condamnés sont les seules à pouvoir être échangées", il reste facile de voir comment cet outil pourrait être détourné. 

Le terme "suspects" peut être interprété de manière très large, et il existe peu de recours en matière de surveillance une fois qu'un abus a été commis.

Max Slater-Robins has been writing about technology for nearly a decade at various outlets, covering the rise of the technology giants, trends in enterprise and SaaS companies, and much more besides. Originally from Suffolk, he currently lives in London and likes a good night out and walks in the countryside.