Mais d’où vient cet étrange débris qui menace de s’écraser sur la Lune début mars ?

Chang'e-5 décolle du site de Wenchang le 24 novembre 2020.
(Crédit photo: Wang Longhua/VCG via Getty Images)

Il s'avère que SpaceX n'est peut-être pas responsable du débris spatial qui va percuter la Lune le mois prochain.

Bill Gray, qui a mis au point un logiciel de suivi des objets géocroiseurs connu sous le nom de Projet Pluto, a initialement identifié ce dernier comme le second étage d’une fusée SpaceX lancée en 2015. Mais après des analyses supplémentaires et le calcul de sa trajectoire d’impact, il vient de déclarer que l’élément en question ne correspondait pas au déchet localisé.

"J'ai reçu un e-mail de Jon Giorgini du Jet Propulsion Laboratory", écrit Gray dans un communiqué. "Le JPL ne suit pas les déchets spatiaux, mais il surveille attentivement un grand nombre de vaisseaux spatiaux actifs, y compris DSCOVR [la fameuse fusée SpaceX ayant décollée début 2015]."

"Jon s'est enquis de ma déclaration selon laquelle DSCOVR (et l'étage de la fusée qui l'accompagne) est passé près de la lune le 13 février 2015, deux jours après son lancement. Jon a souligné que le système Horizons du JPL démontre que la trajectoire du satellite d’observation DSCOVR n'est pas tracée particulièrement proche de la lune. Il serait un peu étrange que le deuxième étage passe juste à côté de la lune, alors que DSCOVR se trouve dans une autre zone de l’exosphère. Il existe toujours une certaine marge d’erreur, mais celle-ci s’avère étrangement importante."

"Poussé par le courriel de Jon, poursuit Gray, j'ai fouillé dans mes archives pour me rappeler pourquoi j'avais initialement identifié l'objet comme étant l'étage de DSCOVR, il y a sept ans. J'ai fait ces recherches en étant persuadé qu'elles prouveraient que l'objet était, en fait, le second étage du DSCOVR".

C'est alors que Gray a découvert que les preuves pointant vers le DSCOVR de SpaceX étaient bien plus circonstancielles que directes.

"D'autres données ont confirmé que oui, [le segment de fusée] était passé devant la lune deux jours après le lancement de DSCOVR, ainsi nous avons fini par accepter l'identification du deuxième étage comme correcte. L'objet avait à peu près la luminosité à laquelle nous nous attendions, et il était apparu au moment prévu, se déplaçant sur une orbite raisonnable."

Une enquête plus approfondie, cependant, s'éloigne maintenant de ce suspect idéal et cible désormais la fusée chinoise Chang'e 5-T1, lancée en octobre 2014.

En suivant à rebours l'orbite de l'objet jusqu'en octobre 2014, Gray a constaté que celui-ci serait passé près de la Lune seulement cinq jours après le lancement de Chang'e 5-T1 le 23 octobre 2014 - ce qui correspond au délai auquel on s'attendrait pour un survol compte tenu de la trajectoire de lancement de la fusée chinoise.

Il existe d'autres preuves consolidant cette théorie, mais - comme pour l'identification initiale de SpaceX - cela reste des déductions. "Je suis aujourd’hui persuadé que l'objet sur le point de percuter la Lune le 2022 mars 4 à 12:25 UTC est en fait l'étage de la fusée Chang'e 5-T1", affirme M. Gray.


Des déchets dangereux

Bien qu'il puisse être tentant de rejeter la faute sur une entreprise ou une agence spatiale, tout le monde peut être tenu responsable de la multiplication des déchets spatiaux. Des anciens entrepreneurs militaro-industriels comme Boeing et Lockheed Martin à l'agence russe Roscosmos en passant par la NASA et, oui, SpaceX.

SpaceX n'a pas contesté cette responsabilité, après tout son booster usagé est toujours en perdition dans l’espace. Alors que celui de la China National Space Administration (CNSA) va atteindre la Lune dans un peu plus de deux semaines, nous ne savons pas où se trouve le booster de SpaceX. 

Ce n'est pas bon signe et le déchet de SpaceX pourrait à son tour toucher la Lune en juillet, ou au plus tard en 2023. A moins qu’il ne percute la Station spatiale internationale, une autre éventualité à suivre de près.

Cela fait maintenant plus de 60 ans que nous encombrons l'orbite terrestre de déchets. À moins que nous ne voulions voir l'orbite terrestre basse devenir un stand de tir de débris filant autour de la planète des milliers de fois plus vite qu'une balle, nous devons nettoyer notre jardin céleste. Et cela commence en évitant d’aggraver cette masse menaçante.

John Loeffler
Components Editor

John (He/Him) is the Components Editor here at TechRadar and he is also a programmer, gamer, activist, and Brooklyn College alum currently living in Brooklyn, NY. 


Named by the CTA as a CES 2020 Media Trailblazer for his science and technology reporting, John specializes in all areas of computer science, including industry news, hardware reviews, PC gaming, as well as general science writing and the social impact of the tech industry.


You can find him online on Threads @johnloeffler.


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