Le métavers, un outil professionnel qui risque de renforcer l'exclusion

Introduction au Métavers
(Crédit photo: Luke Hughes)

Si vous êtes un chef d'entreprise qui envisage d'investir dans le métavers pour optimiser les rapports au bureau comme - et surtout - en distanciel, vous avez de la chance.

De nouvelles études semblent indiquer que de nombreux salariés sont prêts à adopter le concept, même s'ils sont souvent incapables de dire pourquoi le métavers devrait prendre place dans leur société, et comment il améliorera leur vie professionnelle.

Un rapport publié fin septembre 2022 affirme que plus des trois quarts (78%) des "professionnels" - vraisemblablement de tous grades - souhaitent "adopter le métavers".

La majorité (71%) des personnes interrogées ont déclaré qu'elles voyaient le métavers s'intégrer dans leur vie professionnelle, et 40% d'entre elles considèrent que le métavers remplace les "environnements de collaboration statiques" - c'est-à-dire des ressources comme Slack, Zoom, Microsoft Teams ou tout autre service collaboratif en ligne devenu courant depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Et ce, bien que Deepak Agarwal, chef de projet chez GlobalData, ait admis que "le Métavers est encore largement conceptuel", suite au dernier rapport de la société sur la taille gargantuesque du marché du Métavers. Ce marché n'existe pas encore, mais la société estime qu'il représente 23 milliards de dollars.

Horizons VR au bureau

(Image credit: Meta)

"Conceptuellement", utiliser le métavers pour s'asseoir à une représentation virtuelle de son bureau et tenter d'effectuer n'importe quelle tâche à l'aide de ces manettes ergonomiques, sonne faux. Si je dois un jour subir une exposition prolongée à mon supérieur hiérarchique sous la forme d'un personnage Playmobil, je vendrais mes biens terrestres et partirais m'installer dans une grotte. Encore faut-il avoir la capacité, réelle elle, de donner vie et mouvoir son avatar dans ce nouvel espace.

Le métavers au travail est synonyme d'exclusion

Fin août 2022, The Conversation a partagé un article publié par trois chercheurs universitaires anglais évoquant les avantages potentiels du métavers pour les personnes handicapées. 

Sauf que l'article fonde ses arguments sur une vision réductrice du handicap qui se résume à "un fauteuil roulant". Ce n'est pas mon expérience du handicap. Je peux marcher, mais je ne peux même pas tenir les manettes, et donc toute réalité virtuelle est un échec pour moi.

Il concède également que la mobilité virtuelle - l'idée que la technologie peut donner aux personnes handicapées à mobilité physique limitée plus d'autonomie et d'indépendance - est déjà réalisée par l'internet.

Je suis d'accord avec cela. Internet me permet de gagner ma vie, d'avoir une vie sociale et de trouver des informations et de la culture. C'est littéralement le sommet de l'existence humaine, y compris le plafond de la Chapelle Sixtine, que le réseau me permet d'admirer quand je le souhaite.

Les ordinateurs existent depuis si longtemps que les solutions d'accessibilité - reconnaissance vocale, synthèse vocale, claviers à l'écran, suivi oculaire, etc. - rendent la vie professionnelle accessible à presque tout le monde. Est-ce vraiment un progrès si nous détruisons tout cela ? C'est une question rhétorique, Mark.

Pire encore, nous n'avons pas réinventé l'internet une seule fois, mais au moins quatorze fois. Geekflare ne cesse d'ajouter à ce nombre, et je ne cesse de me lamenter que Dieu est mort. On ne peut pas s'attendre à ce que les normes d'accessibilité soient appliquées sur autant de plateformes.

Nous avons besoin des solutions qui existent déjà, surtout à une époque de bouleversements massifs comme - oh, celle que nous vivons actuellement. Si l'on en croit le dernier rapport Work Trend Index de Microsoft, 85 % des dirigeants ne croient pas que leurs employés soient productifs dans un environnement de travail hybride.

C'est absurde, évidemment. Mais je vais vous dire : une grande partie de vos employés en situation de handicap ne seront pas productifs si vous les placez dans un environnement où ils ne peuvent littéralement pas travailler. Et vous allez les licencier, n'est-ce pas, à cause de "l'avenir" ? Cela devrait être une journée intéressante au tribunal.

Forcer le métavers dans un environnement de travail va priver de droits beaucoup de gens. Si vous voulez vraiment recréer Ready Player One ou Snow Crash, c'est comme ça que vous y arriverez. 

La SF nous a déjà averti contre le métavers

(Image credit: Twitter / Alex Blechman)

Il est irresponsable de prôner "le métavers au travail" sans tenir compte de ces implications et sans s'assurer que des environnements de travail alternatifs existent. Et si, lors de la réunion de MENSA, votre réponse est "vous pouvez toujours vous connecter par "visioconférence”, cela revient à admettre tacitement que nous avons déjà franchi la barre de l'innovation. 

Reconsidérez la question.

Luke Hughes
Staff Writer

 Luke Hughes holds the role of Staff Writer at TechRadar Pro, producing news, features and deals content across topics ranging from computing to cloud services, cybersecurity, data privacy and business software.

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